vendredi 2 décembre 2022

La valeur des Beatles (texte intégral)

 Mon livre, La valeur des Beatles, au croisement de la philosophie de l'art, de la musicologie et de la sociologie, est disponible en accès libre : https://books.openedition.org/pur/182574

"Peut-on encore prendre le risque de déterminer la qualité, l’originalité et la valeur politique des chansons du groupe le plus applaudi de l’histoire du rock ? Tel est le projet de cet ouvrage qui esquisse une évaluation de l’oeuvre des Beatles, suivie d’une analyse sociologique de la formation et de la carrière des membres du groupe. Cette analyse met en lumière le lien entre la valeur de leur production musicale et ses conditions de production. Sont ainsi examinés l’apprentissage des deux compositeurs principaux du groupe (Lennon et McCartney), le parcours du combattant pour se faire connaître, leurs conditions de vie et de travail, les contributions artistiques de leur producteur George Martin et de leurs compagnes, Yoko Ono notamment. Il s’agit finalement de répondre aux questions suivantes : la musique populaire, dans sa forme la plus réussie, et la musique savante peuvent-elles être d’égale valeur ? L’oeuvre des Beatles a-t-elle marqué l’histoire de la musique occidentale ? Peut-on dire comme le compositeur et chef d’orchestre Leonard Bernstein : « Les Beatles sont les Schubert de notre temps » ?"



samedi 17 septembre 2022

Bourdieu à Hollywood : Les évadés, un exemple de propagande sociologique

 

 


 La « propagande sociologique » au cinéma

 Le sociologue Jacques Ellul distingue deux types de propagande, la propagande « politique » et la propagande « sociologique » : « La première (celle des gouvernements, partis et groupes de pression) se distingue de la seconde qui, moins visible, se rapproche de la socialisation, que l’on peut définir elle-même comme processus d’inculcation des normes et valeurs dominantes par lequel une société intègre ses membres »[1]. Ellul oppose ainsi « le caractère direct, délibéré et coercitif de la propagande politique (que l’on trouve en priorité dans les régimes totalitaires) au caractère "plus vaste", "plus incertain", idéologique, "diffus", inconscient et spontané, de la propagande sociologique. Celle-ci, que l’on répugne à désigner sous le terme de propagande dans nos démocraties pluralistes, agit "en douceur", par "imprégnation". Elle s’exprime par la publicité, le cinéma commercial, les relations publiques, la technique en général, l’éducation scolaire, les services sociaux… En partie non intentionnelle, cette propagande repose sur ces activités multiples qui agissent de façon concordante comme un ensemble pour inculquer un certain mode de vie. »[2]. Inculquer (ou reproduire) un « certain mode de vie » mais aussi un certain ordre social, avec ses hiérarchies et ses rapports de domination[3].

 On a un très bon exemple de propagande sociologique avec le film hollywoodien Les évadés (Frank Darabont, 1994), que l’on pourrait utiliser pour illustrer les analyses du sociologue Pierre Bourdieu sur la reproduction de la domination sociale, en particulier ses notions de « capital culturel » et de « violence symbolique ».