dimanche 27 février 2022

Cachez ce sang que je ne saurais voir !

 Peut être une image de 1 personne, position debout et plein air

1°)- Laurent Denave : Cachez ce sang que je ne saurais voir !

Les manifestations en Russie "durement réprimées" dénonce aujourd'hui Le journal "Libération" (comme d'autres médias dominants). C'est bien de vous solidariser soudainement avec des manifestants, mais on ne vous a pas entendu à propos des Gilets jaunes (et autres militants) qui se sont joints au Convoi de la liberté le samedi 12 février sur les Champs-Élysées et en ont pris à nouveau plein la figure (blessés graves, nombreuses arrestations, etc.)...

Si je comprends bien votre logique : avec le méchant Poutine c'est dur, avec le gentil Macron c'est tout doux ?

Autrement dit, vous dénoncez la répression d'un autre État (qui fait partie du camp du mal) mais vous vous gardez bien de dénoncer la répression de notre État (qui assure la reproduction de l'ordre établi, un ordre injuste et invivable pour beaucoup, mais qui est très confortable pour les journalistes dominants qui appartiennent à la bourgeoisie.

2°)- Brigitte Bouzonnie : Je partage 5 sur 5 l’analyse de Laurent. Les 12 et le 17 février, j’ai rendu compte modestement de la mobilisation des Gilets Jaunes sur ma lettre politique indépendante, tant je trouve que ce mouvement social rampant, -un nouveau Mai 68 sur la durée,- est la seule opposition (extraparlementaire) du moment digne de ce nom à Macron. Avec certains militants de contre information sur les réseaux sociaux. Les candidats de “gôche” étant tous corrompus, achetés par le dispositif de financement de la vie politique : 22 millions d’euros rien que pour la France Insoumise.

Je travaille avec les photos des Gilets Jaunes réalisées par Jean -Paul Devos, y compris les jours de Noël, et lorsque les médias n’en parlent pas.

Doux dedans (avec Macron), dur dehors (avec Poutine), cela me rappelle une chanson de Véronique Sanson portant à peu près le même titre. Titre de petite-bourgeoise ne connaissant rien à la vie, qui m’a toujours étonnée. Depuis 2017, on en bave des ronds de chapeau avec le poudré. Sur le plan des salaires jamais remontés. Du chômage qui explose. De la pandémie de Covid et son cortège de confinements, vaccinations mortifères. Et une petite-bourgeoisie préfère être amnésique de tout ce qu’on a subi avec Macron depuis cinq ans, pour s’en prendre à Poutine, que l’on ne “connait” qu’à travers la propagande de l’OTAN.

Dans son dernier article intitulé : ‘la carpe ou le lapin, prolétariat contre bobotariat”, février 2022, le sociologue Jean-Pierre Garner oppose à juste titre l’accueil chaleureux des convois de la liberté par la province : Limoges, où à leur arrivée, les limougeaux ont chanté l’hymne national. Lyon, avec un gros accueil très chaleureux venu souvent de jeunes. Orléans, où on a lancé un feu d’artifices. Et l’accueil glacial des bobos parisiens cachés derrière leurs volets.

Rien de plus juste. Ce sont ces mêmes bobocrates, qui cognent aujourd’hui sur Poutine, oubliant un peu vite la malfaisance du sieur Macron….


[Sur le mouvement des Gilets jaunes & la répression, cf. "S'engager dans la guerre des classes", chapitre 3]






vendredi 25 février 2022

Une guerre militaire fait-elle autant de victimes que la guerre sociale ?

 

Cette question peut être posée au moment où nous sommes choqués par les images d'un nouveau conflit militaire... 
Il faut en effet prendre conscience également de l'horreur de la guerre sociale menée par la classe dominante, comme je le rappelle dans mon livre S'engager dans la guerre des classes (p. 25) : 
 
"Contrairement à la « violence bruyante » d’une société fasciste, la violence d’une société capitaliste est « de nature économique, donc moins facile à reconnaître, plus silencieuse, et non sanglante, car la faim tue elle aussi, mais sans faire couler de sang », écrivait Bertolt Brecht. Les conditions de travail (et de vie) difficiles ne sont pas sans conséquences sur la santé. Ainsi, en France, « les ouvriers vivent moins longtemps que les cadres et passent plus de temps qu’eux avec des incapacités et des handicaps ». Pierre Bourdieu rappelait également que « le prix du chômage, de la misère, de l’exploitation, de l’exclusion et de la déshumanisation se paie en souffrance, mais aussi en violence, qui peut être dirigée contre les autres et contre soi, avec l’alcoolisme, la drogue ou le suicide ». 
 
Je rappellerai deux chiffres : en France, plus de 600 personnes meurent dans la rue chaque année et ce sont pas moins de 14000 personnes par an qui décèdent à cause du chômage...
Je pourrais également parler des victimes de la guerre de classes que sont les nombreux manifestants ayant subi la répression policière particulièrement brutale de ces dernières années (notamment les camarades Gilets Jaunes mutilés)...
 
Toute guerre militaire apporte son lot d’atrocités, mais également un flot de propagande venant du pouvoir qui appelle généralement à l'unité de la nation (on nous fait également le coup lorsqu'on déclare la guerre au terrorisme ou à un méchant virus) et à l'unité avec les nations alliées contre le "camp du mal", ce qui conduit précisément à nous faire oublier (ou accepter) la guerre sociale menée par ce même pouvoir contre les classes laborieuses !