Le serial killer fascine et inquiète. Il est la rareté et l’horreur.
On veut comprendre son « profil ». Par là, on entend sa psychologie. Parfois, on recherche du côté de la génétique, espérant capter l’essence du « tueur-né ». On s’intéresse à sa mère (de temps en temps un peu à son père). À ses fréquentations, à ses lectures, à ses œuvres fétiches, aux jeux vidéos qu’il affectionne, aux bizarreries qu’il collectionne… La singularité du monstre est là pour dire qu’il ne montre rien d’autre que l’inhumanité. L’absence à la civilisation. La désertion de l’espèce.
Et si l’homme asocial avait en réalité tout d’une créature socialement fabriquée? Ou plutôt économiquement façonnée ?
La corrélation entre violences économiques et serial killing est insuffisamment inspectée, selon le sociologue Laurent Denave. Pourtant il y a de quoi s’y intéresser quand on observe la trajectoire économico-sociale des serial killers dans le pays qui en produit le plus, les Etats-Unis.
Cette trajectoire, c’est celle du déclassement réel, perçu ou fantasmé. Toujours vécu comme une injustice comparative et un motif de revanche. Le motto de la reconquête d’une forme de puissance. Par la captation de la vie d’autrui. Par la collecte de trophées. Par la célébrité.
Tiens, les serial killers sévissent davantage quand les inégalités sociales augmentent. Aussi quand ce qu’il reste à ceux qui se sentent lésés par la société le filet de sécurité du patriarcat, garantissant au moins qu’il y a toujours plus dominé qu’un homme dominé : une femme… et rien de plus désirable que de détruire une femme qui ne serait pas assez dominée.
En synthèse, le cocktail détonant de la multiplication des passages à l’acte de ces hommes dérangés, c’est du capitalisme inhumain + du populisme hypocrite à l’endroit des « déclassés » + de la tolérance à la domination masculine.
Si les hypothèses de Denave devaient se confirmer en contexte trumpo-muskien, on n’a pas fini d’avoir peur… Et pas que des serial killers.
Source : https://www.instagram.com/p/DF8ccKOgDE4/
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