A paraître le 3 octobre 2025, aux éditions Raisons d'agir
Table des matières
Laurent Denave
La chasse à la "corruption" est au cœur de Résister à la corruption (Eric Alt et Elise van Beneden, 2022) et Crépuscule (Juan Branco, 2019), deux ouvrages qui présentent le même défaut : une critique superficielle du "système", géré aujourd'hui par des personnes "corrompues", un "système" pourtant fondamentalement inégalitaire et mortifère dès l'origine... En voici une petite lecture critique.
Une très bonne analyse du parcours de The Riddler, le tueur en série qui apparait dans le dernier Batman, qui s'appuie sur mon bouquin "L'inhumanité" :
[Ce billet illustre la définition du "travail" donnée par Bernard Friot par la critique de deux documentaires de Pierre Carles, définition qui s'éloigne à la fois du "rejet du travail" (très répandu dans le monde libertaire) et de la défense de la "valeur travail" (qui enthousiasme la droite comme la fausse gauche à la Ruffin ou Roussel)]
Deux documentaires du très bon réalisateur Pierre Carles, Attention danger travail (2003) et Volem rien foutre al païs (2007), traitent de la question du « travail ». Dans le premier, on nous montre les aspects les plus détestables du monde de l’entreprise (recrutement avec propagande patronale, management qui pousse les « collaborateurs » à être le plus productif possible, travail à la chaîne épuisant et démoralisant, etc.) alternant avec des entretiens avec des personnes heureuses d’être au chômage, qui ont renoncé à l’idée de trouver un emploi et ont malgré cela « une vie sociale très riche » (comme l’indique un intervenant). Ce film renforce donc notre détestation du monde du « travail » et notre désir de le fuir. Justement, le second documentaire nous propose des alternatives possibles. On suit des personnes ayant rompu avec le marché du travail, qui peuvent vivre du RMI ou de leur production (élevage ou agriculture). Alors que les forces politiques réactionnaires défendent la « valeur travail », il est tentant de la rejeter, comme le font certains protagonistes du film. Ce qui les amène à une réflexion sur la nature de leurs activités et la distinction entre « travail » et « activité » qui est en réalité un travail non reconnu socialement (c’est-à-dire par l’État)[1], comme l’a été (et l’est encore en partie) le travail domestique assigné généralement aux femmes. Le rejet du « travail » (qui est en réalité le rejet de l’« emploi » dans une entreprise capitaliste) est ambigu : il est à la fois une conquête sur la souveraineté de son travail (on est maître de ce que l'on fait et souhaite produire), mais également une concession faite à la représentation dominante de sa propre activité, qui n’est pas revendiquée ici comme étant un véritable travail. Et ce dernier point ne peut changer qu’à condition de mener une bataille contre l’État (capitaliste) qui décide de façon arbitraire de ce qui relève du « travail » ou pas. Autrement dit, la conquête d’une souveraineté sur son travail doit être menée à un niveau national, afin de changer les représentations[2] et la Loi.
Selim Derkaoui
https://www.monde-diplomatique.fr/2024/12/DERKAOUI/67857
[Ce texte devait figurer dans Laurent
Denave, Combattre la domination. De la démystification
à l’émancipation, manuscrit inédit (disponible sur z-library).]
Beaucoup de militants voudraient « changer le monde sans prendre le pouvoir ». Des initiatives locales se multiplient, des petits îlots de résistance poussent ici ou là. Lutter hors du pouvoir, cela signifie ainsi « créer des cadres collectifs, des cantines autogérées des bibliothèques », etc., mais également « développer des cultures et des pratiques critiques aptes à rivaliser avec la culture dominante ; construire des réseaux de structures alternatives, une puissance collective ; s'auto-éduquer collectivement et par la pratique à de nouvelles façons de fonctionner ; passer à l'action localement, ne pas attendre que le changement nous arrive de l'extérieur »[1]. Ces expériences et pratiques sont importantes mais limitées : elles dépendent toujours des institutions (capitalistes et étatiques) existantes et laissent derrière elles la plus grande partie de la population, soumise à la violence sans limite du capitalisme. Le pouvoir peut s’en accommoder tant que cela reste à la marge de la société et n'implique qu'un faible nombre de gens. Mais si l’on veut véritablement changer le monde (et pas uniquement changer sa vie), il convient de changer les institutions nationales et les lois qui régissent la vie de l’ensemble des citoyens de ce pays.
Comment procéder ? Deux solutions sont souvent évoquées : la prise du pouvoir au niveau national par en bas (communes libres fédérées) ou par en-haut (prise de l’appareil d’Etat).
Paru dans lundimatin#435, le 2 juillet 2024
La lecture critique du roman de Maxime Chattam, La Constance du prédateur, permet de balayer plusieurs idées-reçues sur les tueurs en série qui ont la vie dure, dans la fiction comme les écrits plus spécialisés, ignorant superbement plusieurs décennies d’études sérieuses en sciences sociales sur le sujet.
Suite de l'article : https://lundi.am/La-Constance-de-l-erreur